mercredi 13 mai 2015

Je suis Stéphanie

Je ne me rappelle plus le jour où j'ai commencé à broyer du noir, ni même l'heure où l'endroit  précis. Ça nous prend toujours par surprise. Tout ce dont je me souviens c'est qu'il me semble que j'étais heureuse.

J'avais livré un long combat contre la cigarette et il me semblait que j'avais gagné. J'étais bourré d'ambition, j'avais des papillons dans l'estomac et j'avais la nette impression que tout ce que je touchais se changeait en succès.

Je me réveillais chaque matin en me disant que j'avais enfin choisi le bon chemin. Même ma thérapeute avait félicité mes progrès et nous commencions à espacer nos rencontres.

Je ne pouvais pas souhaiter une meilleure vie.

Je ne me rappelle plus la date précise, prise dans le tourbillon professionnel, mon cours à l'université et l'homme qui embellissait mes nuits, mais ce dont je me souviens c'est que je n'arrive toujours pas à pardonner. C'est immanquable, à tous les mois de décembre empilant les heures de travail en chantant des cantiques de Noël, j'oublie de manger convenablement et lorsque je m'accorde un instant de plaisir et ce, sans aucun abus, je suis malade. Ce n'est qu'une question d'habitude. On pourrait même parler de récurrence.

Par contre, cette fois-ci ce n'était que mon premier pas vers ma descente aux enfers, cet endroit où personne ne souhaite aller. Là où il est si difficile d'en sortir.

Ce ne fut pas un automatisme puisque le processus est souvent plus long. Tout ce dont je garde en mémoire c'est que l'éponge commençait à se remplir et qu'elle pesait peu à peu comme un énorme poids sur ma poitrine.

Dans mon plus vague souvenir, c'est à la mi-janvier que j'ai commencé à m'enfoncer. Sans aucun motif visible, je voulais m'éteindre et dormir. J'avais remis mon scaphandre, car je n'étais pas "game" de pleurer sans raison. À première vue, rien ne semblait cloché. Je me sentais comme un virevoltant qui avait amassé pas mal de "scrap" en chemin.

Je n'arrive pas encore à dire si c'est mon "pattern" qui se répétait, mais tout se dont j'avais en tête c'était de détruire: saboter ma lune de miel, succomber à mes pulsions de mort avec l'alcool et dormir pour ne déranger personne.

J'en suis venu à vouloir à la terre entière puisque personne n'arrivait à me comprendre. J'étais seule dans ma bataille. Lorsque j'avais la force de parler, je manquais de vocabulaire. Par contre, je maîtrisais à merveille l'adjectif irritant. Il me semble que tout était difficile à tolérer. Les seuls mots qui arrivaient à sortir de ma bouche: c'est trop pour moi.

La chute était déclenchée.

J'étais en crise. Rien ne semblait me correspondre. J'avais toujours la nette impression que je faisais tout en fonction des autres. Je n'arrivais plus à m'écouter, à savoir ce que j'aimais. J'ai amassé dans mon sac davantage de regrets que de victoires. J'en voulais à cette société de ne pas m'accepter dans ma différence, valeur que j'ai toujours prôner comme étant la beauté de la vie. L'unicité étant pour moi un cadeau que nous avons tous.

Bref, je n'étais plus moi, je ne me reconnaissais plus. J'étais devenu un fardeau non seulement pour moi, mais pour mon entourage qui commençait à se dissiper. Lorsque tu es de nature "boule d'énergie", les gens ont peine à croire que tu peux tomber.

J'avais l'impression d'être un personnage, de jouer un rôle qui n'était plus le mien.

Je m'étais perdu.

Je m'avais oublié.

À force d'analyse, je me suis fait mon propre diagnostique.

Je venais de m'apercevoir que j'étais clairement malade et ce, depuis très longtemps.

Je suis une maudite bi-polaire

Donc, j'ai eu envie de vendre ma vie sur kijiji  pour partir voir ailleurs si j’y suis!

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